Lettre de François-Nicolas Parent au citoyen Tourneux (an VI)

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Titre

Lettre de François-Nicolas Parent au citoyen Tourneux (an VI)

Manuscrit Item Type Metadata

titre

Lettre de François-Nicolas Parent au citoyen Tourneux, ministre de l'Intérieur

auteur

François-Nicolas Parent

datation

9 messidor an VI [= 27 juin 1798]

source

Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
F/17/1215, dossier 3

folio(s), page(s)

3 pages non numérotées

transcription de la source

[p. 1]

Paris, le 9 Messidor an 6 de la République

Hommage d’un discours

Demande d’un secours provisoire

François Nicolas Parent au Citoyen Tourneux Ministre de l’intérieur

Citoyen Ministre,

Je vous prie d’agréer trois exemplaires d’un discours théophilantropique de ma composition qu’un de mes amis a bien voulu faire imprimer à ses frais ? Je l’ai déjà prononcé dans plusieurs temples de cette commune et des environs. Je profiterai de la circonstance pour vous prier de jetter sur moi un regard favorable.

Ma misère, toujours grande depuis la Révolution par laquelle j’ai tout perdu, (j’étais curé de Boissise-la-Bertrand près Melun ma patrie) ou plutôt à laquelle j’ai tout sacrifié, (puisque j’ai abdiqué volontairement ma cure et un bénéfice simple longtemps avant que la loi eut parlé) ma misère est à son comble aujourd’hui, et je suis absolument sans ressource, moi et ma famille, (marié depuis quatre ans, j’ai une femme et deux enfans) si vous ne me tendez promptement une main secourable.

[p. 2]

Je crois le mériter. Pour vous en convaincre, je ne m’étendrai pas sur mon éloge. Mes preuves sont consignées surtout dans la Feuille villageoise à laquelle j’ai fourni beaucoup d’articles qui n’y auraient pas trouvé place s’ils n’eussent pas eu le sel de la raison, du patriotisme et de l’utilité publique. Peut-être, Citoyen Ministre, avez-vous eu connaissance dans les temps d’une adresse que je fis aux fanatiques de la Vendée.

Je suis tellement dégagé des ténébres de la foi que depuis près d’un an, je suis lecteur des théophilantropes à Paris. Je charme mes chagrins en consacrant mes loisirs à traduire en plain-chant la musique de leurs hymnes en faveur des habitans de la campagne (1) j’apprends à beaucoup d’enfans à les chanter. Mais mon zèle pour la théophilantropie me reduit à manquer de tout.

Après avoir travaillé 14 mois aux carrières sous Paris comme manœuvre malgré la faiblesse et le délabrement de ma santé, je me suis mis instituteur, enseignant en ville à lire, à écrire et les élémens du calcul. Or voilà que mes élèves me quittent ; pourquoi ? parce que c’est un philantrope. Je n’en aurai peut-être pas pour dix francs ce mois-ci : je

(1) je n’oublie pas non plus les hymnes patriotiques que vous m’avez fait passer : lorsque ce travail sera un peu plus avancé, je ne manquerai pas de vous le communiquer.

[p. 3]

suis absolument sans fortune, et vous sentez qu’avec si peu, il m’est impossible de faire subsister ma famille.

Que vous dirai-je de plus, Citoyen Ministre ? mes effets au mont de piété où je crains qu’ils ne soient vendus, trois termes que je dois, mon boulanger, mon cordonnier… tout atteste que si j’implore votre secours, c’est à la dernière extrémité.

Je désire, Citoyen Ministre, que vous m’accordiez un secours provisoire de deux cents francs.

Je vous prie avec non moins d’insistance, de me donner une place d’expéditionnaire dans un de vos bureaux. Je préférerais ceux de la cinquième division.

Salut et respect

Parent

Rue [du] pot de fer Marcel n° 9

 

droits

(c) Archives nationales

Citer ce document

“Lettre de François-Nicolas Parent au citoyen Tourneux (an VI),” Vox Puerorum, consulté le 20 avril 2024, https://voxpuerorum.cantus-scholarum.univ-tours.fr/items/show/13.

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