Morale faite dans la commune de Fontenay par le citoyen Royer, instituteur public (an II)
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D/XXXVIII/1
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[p. 1]
Morale du 20 Prairial fait[e] dans la commune de Fontenoy par le citoyen Royer, instituteur public de laditte commune, envoyé au citoyen President de la Convention nationale par la Municipalité et le Conseil general de la commune dudit lieu, en date du 22 Prairial Deuxième année républicaine
Decret de la Convention nationale du 18 floréal 2e année
Reconnaissance de l’Être supreme et de l’immortalité de l’ame
Prière a l’Etre Supreme avant la Morale
Etre tout-puissant que nous reconnoissons pour le principe et le souverain de toutes choses, par l’ordre duquel le Soleil fait son cour[s], et annonce aux mortels la nécessité de ton existence, toi qui nous a d[onné] la vie. Nous reconnoissons que sans toi nous ne sommes que d’impuissantes créatures. Si tu ne nous assiste, que pouvons-nous par nous mêmes ? Divinité souveraine ! l’idée que nous avons de ta grandeur et de ta bonté nous rassure, la lumière naturelle, don precieux que les hommes ont reçu de toi, nous montre assez que tu es trop juste pour nous punir de notre idolâtrie passé[e]. Divinité toute puissante mais juste, nous n’admettrons jamais une opinion contraire a ta bonté. Reçois nos vœux, et ceux de tous les habitans de la Republique française. Nous sommes tous créés par la toute puissance, tu es Notre Père commun. Il dépend de toi de nous rendre digne d’être tes enfans. Tu n’a[s] qu’a vouloir, tu peux nous inspirer ce que nous devons faire pour ta gloire.
Morale
Citoyens,
Nous sommes les chefs d’œuvres de l’Être Suprême, toutes les parties qui nous composent et dont nous avons l’énumération, sont autant d’échellon[s] qui nous conduisent jusqu’à cet etre immense, éternel et tout puissant. Il faut parcourir ces espaces, examiner nos ames, et descendre dans nos cœurs, [afin] de nous élever a la source de nos pensées, c’est-a-dire a celui qui est essentiellement, et en qui nous existons comme dans notre élément. Il faut voire [sic] Dieu, cet Etre suprême immortel dans l’homme, avant de contempler en lui même est [sic] dans ces attributs.
Mais quel est-il ce Dieu dont nous parlons et que nous invoquons de toutes parts de notre Republique. Cet Être suprême que tant de peuples adorent si differemment, ce Dieu qu’un Spinosa osa croire follement la seve materielle de cet univers, ce Dieu que ces ci-devant prêtres catholiques osoient insulter par leur tirannie, ce Dieu qu’un Epicure osa supposer un concours d’atomes accrochés fortuitement, ce Dieu enfin qui, pur esprit, Etre Suprême par excellence, source et plénitude de tous êtres, reçoit chez nous un culte digne de Sa Sagesse et de Sa Sainteté […]
[p. 2]
[fin de la Morale puis prière]
Les eleves confient [sic] audit instituteur ont chanté
Aire [sic] Veillons au Salut de l’Empire
1e Etre Suprême je te revere,
Grand Dieu de l’immortalité
Fais que tous les peuples divers
Respect[ent] ton autorité.
Grand Dieu (bis) fait que toute
homme en notre exemple
Par tout (bis) repete abjurant
les abus
Le cœur de l’homme est ton vrai temple
Ton culte est celui des vertu[s]
2e Toi dont les décrets immuables
Font naitre égaux tous les humains
Toi qui d’élémens tous semblables
Les formas sortant de tes mains.
Grand Dieu &c.
Les élèves de l’instituteur de six à huit ans portant pour la première fois le drapeau tricolore ont fait le serment suivant. L’orateur a dit :
Citoyens
Je parle au nom de mes collègues republicains. Nos ages sont des plus tendres, a peine naissons nous, nous brulons d’amour pour le maintien de note liberté. Nous jurons tous ensemble de repandre jusqu'à la dernière gou[t]te de notre sang avant que d’abandonner ce signe de ralliement, etendart respectable, toi qui fait la veneration des Français, et les desespoirs des tirans, tu seras toujours dans nos cœurs, et nous mourrons tes défenseurs.
Et vous nos peres et meres tendre[s], si nous mourrons courageusement en versant notre sans, ne deshonorés [sic] pas notre gloire par vos larmes.
Car chers parens, c’est sur la trahison qu’il faut peurer et non sur les heros qui ont le bonheur de ce sacrifice pour sauver leur patrie.
S’il faut que nous succedions a nos braves defenseurs, nous jurons que lorsque nous seront en ages, nous poursuivrons les despotes et les tirans jusque dans le neant.
N’adorons que l’Etre Suprême, a la rupture des idoles fanatiques. Vive la Republique, vive la Convention, vive la Montagne, vive la Liberté, vive l’Egalité.
Le capitaine des Eleves a repondu : tremblez, tremblez tirans a ce solemnel serment. Un enfant de quatre ans, fils de l’instituteur et un autre du meme age ont chanté Aieux chéris, Jamais la voix de la patrie &c. au second Bulletin de la Convention du 24 7bre 1793 vieux stil[e].
La municipalité felicite la Convention sur tous ces traveaux [sic] et l’invite a rester a son poste jusqu’a la destruction entiere de tous les tirans.
[signatures]